

Polytechnique suspend sa migration vers Microsoft 365. L’Etat du Schleswig-Holstein, au nord de l’Allemagne abandonne les outils Microsoft pour des alternatives open source. La région Occitanie se libère petit à petit des GAFAM.
Partout en Europe, les organisations publiques reprennent la main sur leurs outils numériques mais la prudence reste de mise et le passage à l’action, encore trop rare.
Selon une étude d’Asterès menée pour le compte du Cigref, les achats annuels de services de cloud et de logiciels des entreprises européennes qui profitent à l’économie américaine s’élèvent à 264 milliards d’euros. Cette dépendance technologique de la France et de l’Europe représente un coût colossal : l’équivalent de près de deux millions d’emplois financés aux Etats-Unis. Aujourd’hui encore, la souveraineté numérique est trop souvent un discours… et rarement une action.
Pourtant, les collectivités et les administrations publiques détiennent les clés du changement et c’est par le secteur public que se dessinent les premiers signes d’une reconquête numérique.
Alors, comment passer du principe à l’action ?
Longtemps perçue comme un concept abstrait réservé aux experts, la souveraineté numérique est devenue un impératif stratégique. Tensions géopolitiques, droits de douane, hausse des coûts du cloud et des logiciel, explosion des cyberattaques… : l’Europe prend conscience de sa dépendance.
Le rapport stratégique du Cigref pour 2040 tire la sonnette d’alarme : les entreprises et le secteur public français demeurent massivement dépendants de fournisseurs extra-européens pour le cloud, les infrastructures, les logiciels collaboratifs et l’intelligence artificielle. Il est temps de construire une véritable autonomie numérique et de sortir du rôle de simple consommateur pour redevenir acteur.
La décision de l’École Polytechnique d’interrompre sa migration vers Microsoft 365 a envoyé un signal fort.
Pour une institution dépendant du ministère des Armées, confier ses données à un acteur soumis aux lois extraterritoriales américaines (Cloud Act et FISA notamment) représentait un risque majeur. De plus, ce contrat contrevenait à l’article L123-4-1 du Code de l’Education, qui impose l’usage prioritaire des logiciels libres dans l’enseignement supérieur et la recherche.
Sous la pression d’acteurs comme le CNLL (Conseil National du Logiciel Libre), la direction de Polytechnique a fait marche arrière : retour à des solutions conformes au cadre européen.
Comme le rappelait Stéfane Fermigier, président du CNLL : « le modèle même des solutions cloud assujetties au droit extraterritorial américain est structurellement incompatible avec la sauvegarde de nos intérêts économiques et stratégiques ».
Ce choix rejoint celui de l’Etat allemand du Schleswig-Holstein, qui a migré plus de 40 000 boîtes mails de Microsoft vers des outils open source (source : Siècle Digital).
Ces décisions marquent le début d’une réappropriation politique du numérique et posent les bases d’une véritable autonomie numérique. Une autonomie qui repose sur trois dimensions indissociables.
L’autonomie numérique ne se résume pas à héberger ses données sur le sol national ou à privilégier un fournisseur européen. Elle repose sur la capacité d’un pays, d’une administration ou d’une collectivité à choisir, maîtriser et gouverner ses outils numériques selon ses propres règles.
L’autonomie numérique est basée sur trois piliers étroitement liés :
En résumé, l’autonomie numérique, c’est la souveraineté rendue tangible : la capacité d’une organisation à sécuriser, gouverner et faire évoluer son numérique sans dépendre d’intérêts extérieurs. Et cette ambition devient réalité, portée notamment par le service public.
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Même si la prise de conscience reste timide en France, le mouvement s’amplifie. Les organisations sont souvent tiraillées entre l’envie d’agir et la peur de rompre avec des solutions “confortables”. De nombreux freins persistent comme l’inertie des processus d’achat notamment public, la dépendance aux écosystèmes propriétaires ou le manque de visibilité sur les alternatives.
Pourtant, au fil des mois, de plus en plus d’initiatives font la une des médias et traduisent un véritable changement de cap. Le plus souvent, ce sont les collectivités et les administrations publiques qui sont des pionnières et ouvrent la voie à une souveraineté numérique concrète.
Face à la hausse des coûts de 20 à 30% sur le précédent contrat avec Microsoft, la région a décidé de remplacer la suite Microsoft 365 vers la solution française open source eXo Platform, hébergée dans un environnement SecNumCloud.
Une approche pragmatique et progressive : commencer par le collaboratif, accompagner le changement, former les agents et capitaliser sur les retours terrain. Résultats : une facture annuelle divisée par 4 et une autonomie renforcée.
Aujourd’hui, la Région a défini une trajectoire claire : sortir par paliers des GAFAM, concentrer les licences coûteuses sur les besoins critiques, et étendre progressivement vers la messagerie collaborative.
Récemment, la Région Île-de-France a fait le pari de sortir de Microsoft 365 et d’équiper ses 550 000 lycéens et enseignants avec des solutions françaises et souveraines.
Un choix fort, motivé par la protection des données des élèves mineurs face aux lois d’extraterritorialité, la hausse brutale des tarifs de Microsoft et la volonté de réinvestir dans l’écosystème numérique local.
Cette initiative montre qu’il est possible d’allier performance, accessibilité et souveraineté, sans sacrifier l’expérience utilisateur.
La Ville de Lyon a, elle aussi, franchi le pas en remplaçant progressivement la suite Microsoft Office par des outils bureautiques open source, et en créant une suite collaborative libre et interopérable.
L’objectif est de renforcer la sécurité et la souveraineté technologique du service public, de maîtriser les coûts, de prolonger la durée de vie des équipements informatiques ainsi que de réduire l’empreinte environnementale.
Lyon assume ainsi une approche pragmatique : redonner du sens à ses choix numériques, limiter la dépendance aux grands fournisseurs américains et replacer la souveraineté au service de l’efficacité opérationnelle.
À Marseille, la direction du numérique porte une politique ambitieuse du logiciel libre, centrée sur l’expérience utilisateur. L’objectif est de rapprocher les performances du libre de celles des outils propriétaires, tout en réduisant les dépendances technologiques.
Marseille ne se contente pas de remplacer un outil par un autre : la ville repense sa stratégie numérique dans sa globalité, en misant sur la formation, la mutualisation et l’innovation locale.
Cette approche montre qu’il est possible de conjuguer liberté, performance et qualité de service public.
Le mouvement ne concerne pas uniquement les grandes collectivités. Partout en France, des villes de taille moyenne ou plus réduite s’engagent elles aussi sur la voie d’un numérique souverain et responsable.
Chelles (Seine-et-Marne), Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Lunel (Hérault) ou encore Rumilly (Haute-Savoie) ont fait le choix de solutions open source et souveraines, prouvant qu’il est possible d’agir à son échelle.
L’Europe n’est pas en reste. En Allemagne, le Land du Schleswig-Holstein fait figure de pionnier avec la migration de 40 000 comptes Microsoft Exchange vers des outils open source (Nextcloud, LibreOffice, Open-Xchange, eXo Platform…). Son objectif est de reprendre la maîtrise de ses infrastructures publiques et de garantir la protection des données face aux lois extraterritoriales américaines.
Au Danemark, les villes de Copenhague et Aarhus suivent la même trajectoire en sortant progressivement de l’écosystème Microsoft et en expérimentant des solutions ouvertes, interopérables et européennes.
Ces initiatives, qu’elles proviennent d’une grande région, d’une ville moyenne ou d’une administration, nous rappellent que l’autonomie numérique durable se construit collectivement, par la coopération, la réversibilité et la transparence.

La souveraineté numérique est une responsabilité collective. Mais comment faire de ce principe une réalité concrète ? Voici 5 étapes concrètes pour engager une transformation durable et réaliste.
Commencez par un état des lieux précis. Identifiez les logiciels, services cloud, outils et infrastructures qui dépendent d’acteurs non français ou non européens. Concentrez-vous en premier sur les domaines à forte valeur stratégique comme le collaboratif, la messagerie et la bureautique. Évaluez les risques associés (juridiques, économiques, sécurité) et hiérarchisez les domaines les plus critiques.
L’objectif de cette étape est de connaître votre exposition et les risques associés pour planifier une transition réaliste et progressive.
Les marchés publics représentent un levier puissant pour orienter le numérique vers plus de souveraineté. Incluez systématiquement des critères de souveraineté, d’interopérabilité, de conformité au RGPD et de réversibilité dans vos appels d’offres.
Appuyez-vous sur les dispositions existantes, comme l’article L123-4-1 du Code de l’Éducation, qui favorise l’usage du logiciel libre dans l’enseignement supérieur et la recherche.
L’objectif est de faire de chaque achat un acte stratégique, pas seulement un acte technique et administratif.
Adopter une approche ouverte, c’est aussi préserver la compétitivité locale, renforcer la résilience des services publics et garantir la maîtrise des données.
L’objectif est de soutenir un écosystème durable et de créer de la valeur sur le territoire.
Comme le dit le proverbe africain, « seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin ».
L’enjeu est d’agir ensemble et de mutualiser les ressources, les outils, les cas d’usages et les bonnes pratiques. Appuyez-vous sur les dynamiques déjà en place comme le service mutualisé d’évaluation des fournisseurs de la Région Île-de-France ainsi que sur les associations et réseaux existants tels que le CoTer Numérique, le CNLL, etc…qui montrent la voie et structurent la coopération.
L’objectif est de créer une intelligence collective publique au service de la souveraineté.
La souveraineté numérique n’est pas qu’une question technique, c’est aussi et avant tout un changement culturel. Former les agents, les élus et les décideurs à la compréhension des enjeux numériques est essentiel.
Sensibiliser, expliquer, valoriser les réussites locales : c’est ainsi que se crée la confiance nécessaire pour transformer durablement les pratiques.
L’objectif est de faire de chaque acteur public un ambassadeur de la souveraineté numérique.
La souveraineté numérique n’est plus un horizon lointain. C’est une réalité en construction, portée par un projet collectif, culturel et politique que la France et l’Europe incarnent déjà.
De Polytechnique à l’Occitanie, de Lyon à Copenhague, les exemples se multiplient et prouvent qu’un numérique plus libre, plus éthique et plus durable est possible sans compromis sur l’innovation et la performance.
La France et l’Europe disposent des talents, des outils et des convictions. Il ne reste plus qu’à franchir le pas et passer des paroles aux actes !
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Je suis responsable communication France chez eXo Platform. Je suis tombée dans la communication un peu par hasard mais ce domaine rassemble tout ce qui m’anime : la créativité, l’énergie, les rencontres, le travail collaboratif, le partage et les échanges de bonnes pratiques. J’ai besoin de donner du sens à ce que je fais et de placer l’humain au centre de toutes mes actions. Je suis également passionnée par les nouvelles technologies.